Mon récit d’accouchement

12.11.2021

Je voulais vous partager mon expérience car j’ai eu moi-même beaucoup de préjugés notamment, la péridurale, le déclenchement…
Ce genre de choses que je diabolisais ont été pour moi finalement des sortes de bénédictions.
Je voulais avoir des enfants à 28 ans, accoucher de manière physiologique, sans péridurale, je ne voulais pas de déclenchement, je voulais que Manssour soit avec moi le soir à l’hôpital, je voulais faire du yoga pendant ma grossesse. Au final rien de tout cela n’est arrivé car you know God’s plan est beaucoup plus puissant.
Je pensais être prête après 9 mois à porter notre baby girl, mais on n’est jamais vraiment prêts et finalement c’est aussi un peu ça la magie.

Le Dimanche 7, je me balade tranquillement avec mon amie Samah et en fin de journée je commence à avoir mal au ventre, je sens qu’il faut que je rentre. J’ai des contractions, elles sont supportables mais de plus en plus régulières. Alors je prends un bain, je vais me coucher mais elles sont toujours là et me réveille. Vers 1h je mange des sushis, j’en avait envie, comme-ci c’était mon dernier repas, je ne peux pas finir ça commence à être douloureux. Mon application me dit 2 fois qu’il est temps d’aller à l’hôpital mais je décide de me préparer tranquillement. Vers 3h on part à l’hôpital où l’on passe la nuit. Fausse alerte. On rentre.

Le mardi soir, je regarde des vidéos et j’ai un fou rire, en pleine nuit on remarque une fuite d’eau dans les toilettes. On prend ça comme un signe.
Mercredi 10, Plusieurs heures plus tard, je me rends compte que j’ai peut-être fissuré la poche des eaux. On doit retourner à la maternité, et je n’ai clairement pas envie. J’ai pas envie que ce soit encore une fausse alerte. Mais je sens qu’il y a quelque chose qui cloche. J’appelle mon mari, Manssour, il quitte son travail et on y va, sans convictions. On attends, on fini par passer et on y reste. On m’annonce que je vais y passer la nuit, que Manssour ne peut pas rester, que je serai déclencher le lendemain et que je peux passer une dernière bonne nuit de sommeil. J’en pleure. Ça me déchire le coeur de savoir que je vais passer la nuit seule, sans Manssour.
Entre temps on fait les éternels monitorings pour vérifier si tout va bien pour le bébé et moi.
Le lendemain, je me réveille tranquillement, Manssour revient on passe la matinée à regarder un film et on nous appelle. Encore un monitoring. On nous annonce qu’il n’y a plus de place en salle d’accouchement et que l’on va donc être déclenché en fin de journée. Je prie pour que ça arrive avant. Je demande à ma mère, à mon frère à tout le monde de prier. Pour que Manssour soit là. On remonte, on s’endort et en début d’après-midi un autre coup de fil, c’est l’heure ça y est. Finalement, je suis déclenchée vers 14h comme je le souhaitais. Je suis soulagée.
On sort se balader et surtout acheter des snacks comme ci de rien était. On revient et on commence à marcher, monter les escaliers, monter des pentes. Comme pour se préparer ou s’échauffer pour un marathon. On voulait que le travail commence donc on a tout donné. Ça a marché. 4h de contractions à quelques minutes d’intervalles. Plus rien ne me soulage. La position allongée est insupportable, la position assise est invivable, je ne pouvais plus quitter le ballon de yoga. La seule chose qui me faisait tolérer la position assise. Je me concentre sur mes respirations comme on m’a appris mais je n’en peut plus. Je pensais avoir supporter des douleurs dans ma vie mais celle-ci est différente. C’était comme une vague qui me paralysait tout le corps, qui m’empêchait de penser. 23h un nouveau monitoring, on patiente de nouveau et moi je commence à perdre patience. On demande à checker ou le travail en est. Je suis à 2doigts. C’est bon, on va pouvoir enfin passer en salle d’accouchement. La sage femme me dit que comme je gère bien, on va attendre au maximum et lorsque je n’en peut plus de redescendre et aller en salle. À ce moment là j’ai l’impression qu’elle me dit ça pour me rassurer et me faire tenir car moi au fond ça fait plusieurs heures que je n’en peux plus donc je n’ai pas cette impression de gérer. Et je me demande comment je vais faire pour accoucher puis j’essaye de ne pas y penser et rester dans le présent. 

On remonte, Manssour me dit aller on descend à minuit. Hors de question je m’étais mise 23:45 dans la tête, pas une minute de plus. C’était mon maximum, je l’avais décidé. On redescend, on attend, on arrive même à plaisanter avec quelques sages femmes entre deux contractions. Minuit on entre en salle, on me fait la péridurale. Parce que oui après les 4h que je viens de vivre ce n’est même pas négociable. Je vois mon projet d’accouchement fait un plongeon par la fenêtre. On plaisante de nouveau avec les anesthésistes, j’ai un regain d’énergie. je leur dit qu’ils m’ont allumé comme une lampe et quelques minutes après je suis enfin soulagée. On me perce la poche des eaux. Les deux sages femmes nous expliquent que maintenant on va laisser faire le travail naturellement, laisser le bébé descendre tranquillement. Elles nous propose même de dormir un peu. Vers 7h elles doivent partir, changement de personnel. On est un peu triste qu’elles nous quittent, et elles aussi. Mais le bébé lui n’est pas encore tout à fait prêt donc on attend encore. Un peu avant 11h, le col est complètement dilaté. C’est bon c’est l’heure. Et là tout s’accélère. Une sage femme, une auxiliaire, une élève et une interne entrent, on me demande si je suis d’accord pour accueillir tout ce monde.
– Oui. Et là je repense à mon projet « Souhaitez-vous autoriser des élèves ou internes à participer à l’accouchement ?
– NON! »
Mais à ce moment-là, la péridural faisait moins effet puisque je la gérais et n’appuyait que quand ce n’était plus supportable donc c’était le cadet de mes soucis. Bref, elles me prépare et on part pour 40min de poussé. J’avais l’impression d’avoir une team qui m’encourager en fin de course lorsque l’on est sur le point de tout lâcher en dernière ligne droite.
1 contraction, 3 respirations, 3 poussée.
C’était un peu comme ci on était tous sur une barque, à avancer que j’étais la seule à ramer mais que j’étais encouragée.
Je n’en vois pas le bout, je sens tout, même la douleur mais pas le bout. La sage femme qui m’encourage et me répète qu’on y est presque me propose de toucher la tête du bébé et là forcément ça change tout. Ça me fait tenir.
40min c’est une session de sport et c’est exactement ce que c’était, enfin en pire. Manssour me donnait des petites gorgées d’eau. C’était la plus belle preuve d’amour là à ce moment-là pour moi. L’épaule à dû mal à passer donc l’auxiliaire commence à m’appuyer sur le ventre, je n’accepte pas ça du tout, je lui enlève tout de suite sa main, je n’arrive plus à me concentrer. Elle me dit qu’elle est obligé et moi je ne veux pas donc je lui enlève de nouveau. En une fraction de seconde je me demande comment je vais encore tenir, je prie et d’un coup, délivrance. En même temps, bébé et le placenta. Je suis enfin soulagée. Je comprends enfin le sens de ce mot, délivrance. 

11h41, J’ai accouchée dans tous les sens du terme et je le ressens. Ma fille est posée directement sur mon ventre et je ne réalise pas encore. J’ai l’impression d’avoir était actrice et spectatrice en même temps. Je ne ressens pas encore cette vague d’émotion ou de bonheur que tant de mères d’écrivent. Je suis simplement présente mais j’ai aussi l’impression de ne pas savoir ou je suis ou ce qu’il m’arrive.
4kg125 on me félicite et me demande si c’était prévu. Et là je prends encore ça pour une bénédiction, comment j’aurais pu aller au terme ? À 11h41, Naïla est arrivée entre douceur, amour, foi, patience et force elle nous a déjà donné beaucoup de leçons. La rencontre entre nos coeurs c’est faite je crois un peu plus tard, et elle nous a fait l’aimer de manière pure et de tout notre être. Tout ne se passe jamais comme dans nos têtes, mais tout est parfait finalement. À nous de comprendre pourquoi.

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